
Il suffit de jeter un œil à nos rues, nos écrans, ou même nos assiettes pour sentir qu’un vent de neutralité souffle sur l’époque. Là où tout était saturation, éclat, contrastes assumés — des voitures rouges vifs aux enseignes de fast-food jaunes et rouges en passant par les téléphones acidulés —, on se retrouve aujourd’hui avec des tons sobres, du gris, du noir, du beige, du bleu denim. Le constat est frappant : le monde perd ses couleurs et l’univers du marketing, autrefois inventif et flamboyant, emboîte le pas. Comment expliquer ce tournant fade et pourquoi la couleur refait-elle timidement surface dans certaines tendances ? Plongée dans le déclin chromatique et ses dessous stratégiques.
Un monde autrefois multicolore
Pendant des décennies, la couleur a été l’arme sémantique privilégiée des marques. Elle signalait la joie, l’invention, l’audace, et créait tout de suite du désir. Dans les années 60 à 90, acheter une voiture, c’était choisir entre le jaune poussin, le vert pomme ou le bleu azur. Des téléphones ? Toute la gamme Pantone y passait. La comm’ arborait logos fluo, campagnes en Technicolor et packaging pop. Les fast-foods peignaient leurs murs de rouge ketchup et jaune moutarde — tout pour donner faim et retenir l’œil.
Le marketing n’avait qu’un credo : frapper vite et fort. La couleur, universelle et immédiate, était l’arme fatale pour se démarquer dans l’espace public, un champ de bataille saturé de signaux visuels.

Constat présent : la grande dé-saturation
Force est de constater que le monde s’est décoloré. Les voitures neuves sont majoritairement grises, noires ou blanches. Les smartphones arborent des coques graphite, carbone, “menthe glacée” ou beige mat au lieu des couleurs acidulées d’antan. Le fast-food revoit ses devantures en kaki ou en “terracotta chic” pour rassurer, éco-responsabiliser ou jouer la carte du premium. Les réseaux sociaux et campagnes web valorisent les palettes neutres, les fonds pâles, les designs épurés, tandis que les emballages produits se fondent dans les rayons pour ne pas heurter la rétine ou pour inspirer la confiance par leur sobriété.
Même les grandes marques qui faisaient figure de proue chromatique — Coca-Cola, McDonald’s, Nokia — optent aujourd’hui pour des palettes ramenées à leur plus simple expression. Les visuels des campagnes, autrefois saturés de couleurs vibrantes qui évoquaient la vitalité ou l’exubérance des années pop, se sont transformés en univers raffinés où dominent des tons “natural”, neutres ou minéraux.

Les raisons de la décoloration
Plusieurs phénomènes expliquent ce retour du sobre.
D’abord, une quête de sécurité dans un monde saturé de stimuli. Lorsque tout est coloré, rien ne ressort vraiment, la surenchère lasse. Les marques veulent aujourd’hui rassurer, incarner une forme de sérieux et de pérennité, d’où le choix de couleurs neutres et apaisantes, plus “matures”, plus intemporelles.
La montée du minimalisme et du design scandinave encourage aussi une approche “moins c’est mieux”. L’univers du luxe, longtemps réservé à une élite, a démocratisé l’élégance du noir, du blanc et du doré, ces couleurs considérées comme sophistiquées et rassurantes. Les entreprises suivent la tendance pour gagner en stature, “moderniser” leur univers graphique et se fondre dans une dynamique premium, épurée, quasi universelle.
Enfin, la montée en puissance du digital et des réseaux sociaux a imposé de nouveaux formats, nécessitant une lisibilité optimale sur tous supports. Les couleurs trop vives ou trop “vintage” nuiraient à l’efficacité des messages sur écran haut-définition. Cette sobriété répond à une exigence de lisibilité, d’accessibilité, mais aussi de cohérence sur tous les appareils.

Pourquoi, malgré tout, la couleur refait surface
Mais gare à la morosité ! Les signaux faibles du retour de la couleur pointent depuis 2023-2025. Les palettes “Hyperpop” — fluo, électriques ou pastel saturés — percent dans la cosméto, la food branchée et les campagnes ciblant la Gen Z qui cherche à s’émanciper de la grisaille ambiante. Les marques en quête de différenciation expérimentent des touches de jaune beurre, d’orange corail, de flamant rose électrique ou de vert aneth, histoire de remettre un peu de vie sur les packs ou les social ads.
Parce que la couleur reste, malgré tout, un marqueur puissant de différenciation, elle perce là où l’audace promet de rapporter gros : produit éditorial, mode et accessoires, social media, campagnes artistiques ou éphémères, activation événementielle… Là où il s’agit d’attirer l’attention d’une cible saturée d’images neutres, on réinjecte des pigments et on joue la surprise.
Le rôle du marketing et de la comm’ aujourd’hui
Le marketing contemporain avance donc sur une fine ligne : rassurer avec des univers sobres, tout en injectant de la personnalité par de subtiles touches de couleur. Les agences savent que la couleur est émotion, qu’elle suscite engagement, souvenir, désir. Les marques “mainstream” restent prudentes, mais les jeunes pousses n’hésitent plus à oser l’hyper saturation ou les palettes rétro-futuristes pour casser la routine et viraliser les contenus.
Les outils digitaux, l’IA et les tendances globales offrent aussi une ouverture inédite : adapter sa palette à chaque instant, chaque offre, chaque cible. Les créas testent et mixent, se jouent des algorithmes pour dynamiser le scroll ou raviver l’identité visuelle, créant une infinité de micro-tendances, parfois très éphémères, mais toujours marquantes.

La conclusion de l’équipe
Oui, le monde s’est décoloré, poussé par la recherche de réassurance, de sobriété et d’universalité dans un environnement bombardé de sollicitations. Mais l’appétit pour la couleur n’a pas disparu : il mute, il s’adapte, et il revient par vagues, là où l’impact, la jeunesse ou l’originalité sont sources de valeur ajoutée. Les communicants et marketeurs, eux, ajustent la mire : ils savent pertinemment qu’en matière de couleur, c’est le contraste qui fait l’émotion. En 2025, jouer avec le fade et le saturé, c’est surfer sur l’air du temps tout en restant prêt à oser à nouveau. Car quand tout le monde aura adopté le gris, il suffira d’un jaune solaire pour faire la différence.
Pour nous tout est une question de choix, alors quel sera le vôtre ? L’équipe Team Flow vous attend pour de nouveaux projets.